Amiens était jusqu’ici la seule référence en France. Depuis 4 à 5 ans la technique de ce process s’est considérablement améliorée. Le lancement de l’unité de Varennes-Jarcy a créé en France une nouvelle dynamique. Projet en cours : Calais, Lille, Metz, Forbach, La Martinique, Montpellier Forte poussée de la méthanisation en Espagne : la Catalogne a banni l’incinération . Ainsi à Barcelone trois usines de méthanisation ont été installées par trois constructeurs différents ( dont Valorga). D’autres unités à Cadix et à La Corogne A Mons (Belgique),usine de méthanisation traitant 59 000 tonnes de déchets ménagers, dont 35700 tonnes triées à la source On compte en Europe plus de 60 unités industrielles de méthanisation de déchets ménagers et assimilés réparties dans les pays suivants : Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Belgique, Suède, Suisse, Danemark, France, Italie, Autriche, Finlande
La méthanisation est une technique propre
q Aucune émanation de fumées q Aucune émission pouvant porter atteinte à la couche d’ozone q Aucun dégagement d’odeurs q Grande économie d’énergie q Haute valorisation du compost destiné au milieu agricole q Maîtrise des coûts et de la pression fiscale
Le procédé
Une usine de méthanisation fonctionne en plusieurs étapes qui peuvent être schématisées de la façon suivante :
q Pré-traitement des déchets q Méthanisation q Post-traitement du digestat
Le pré-traitement consiste à :
q Eliminer les matériaux indésirables(inertes, plastiques, métaux..) q Homogénéiser le substrat avant son introduction dans le digesteur(broyage) Le pré-traitement fait appel à différents types de procédés (tri gravimétrique, granulométrie, magnétique, etc...). Le broyage permet d’attaquer les fibres ligno-cellulosiques pour rendre la cellulose accessible aux bactéries.
Le process de méthanisation
Les technologies de méthanisation peuvent être classées selon plusieurs critères :
q Concentration : voie sèche ou voie liquide q Température : mésophile(35°C) ou thermophile (55°C) q Circulation du substrat : infiniment mélangé ou piston
Le post-traitement
La phase de méthanisation est suivie d’une phase de post traitement qui permet :
q De déshydrater le digestat q Compléter sa fermentation et son hygienisation( maturation) q Le conditionner en vue de son écoulement final q Traiter les eaux excédentaires : c’est la fraction liquide qui n’est pas consommée et recyclée par le process lui-même. Lorsqu’elle ne peut être valorisée telle quelle comme fertilisant liquide, elle est traitée en station d’épuration communale ou sur site q Criblage et tamisage pour éliminer les indésirables (évacuation) ou des matériaux de plus grande granulométrie(recyclage en tête ou évacuation q Pressage du digestat, centrifugation des eaux excédentaires, pour séparer la fraction solide(envoi vers la maturation) de la partie liquide(recirculation en tête ou évacuation) Dans tous les cas , le digestat doit subir une phase de maturation avant son utilisation comme amendement organique, d’une durée minimale de 2 semaines.
La maturation permet :
q De compléter la biodégradation de certains composés organiques volatils qui ne sont pas attaqués en conditions anaérobies q D’oxyder l’ammoniac
A savoir : Sur de nombreuses installations, les déchets verts sont séparés en tête de procédé et ajoutés au digestat(après broyage) en phase de maturation. Ce cotraitement assure une bonne synergie : les produits ligneux sont structurants et améliorent le produit final, le digestat apporte l’eau nécessaire à leur compostage, et le compostage évapore l’eau en excès et permet de terminer la maturation du digestat.
Comme à Varennes-Jarcy on pourrait produire 2 sortes de compost :
q L’un à partir des bio-déchets ( tri effectué en amont) q L’autre à partir des ordures ménagères non triées ( tri mécanique effectué en usine avant l’entrée dans le digesteur)
Autre option envisageable : une unité de « co-digestion » qui pourrait traiter les boues de STEP et les déchets municipaux fermentescibles
Débouchés pour le compost :
L’amendement organique produit par la méthanisation est comparable à un compost aérobie du point de vue agronomique. Il serait même meilleur sur les plans sanitaires(taux d’élimination des germes pathogènes), de la stabilisation et de la croissance des végétaux
Au cas où l’utilisation agricole poserait problème, de nombreuses autres utilisations sont possibles : q Espaces verts des collectivités q Réhabilitation de sites( industriels, anciennes décharges...) q Végétalisation de routes, chemins, voies ferrées, golfs... q Mise à disposition gratuite de sacs de compost aux particuliers dans les déchetteries
L’énergie
Dans la plupart des installations existantes, la teneur en matières biodégradées est de l’ordre de 15% de la masse des déchets. La productivité en méthane est alors de l’ordre de 75m3 de méthane par tonne de déchets fermentescibles soit 132 m3 de biogaz/t. La productivité en biogaz dépend étroitement de la proportion entre déchets de cuisine, papiers-cartons et déchets de jardin
TYPE de DECHETS Potentiel méthanogène indicatif Biodéchets contenant peu de papiers-cartons 65 à 75 m3 de méthane /tonne Mélange biodéchets avec déchets verts 50 à 60 m3 de méthane / tonne Biodéchets avec papiers-cartons 75 à 85 m3 de méthane / tonne Biodéchets avec papiers -cartons et déchets verts 65 à 75 m3 de méthane /tonne
Les unités de méthanisation des déchets valorisent le biogaz qu’elles produisent. Une partie est utilisée dans le procédé ( 15 à 25 % de l’énergie produite), pour le chauffage des digesteurs, et éventuellement pour les besoins en électricité.
Le biogaz en excédent peut être valorisé selon différents modes :
q Production de chaleur sous forme d’eau chaude, de vapeur ou d’air chaud pour le chauffage ou le séchage...Cette option nécessite l’existence d’un débouché local (immeubles d’habitat collectif ou tertiaire, hôpitaux, industries...) q Production d’électricité, généralement par moteur à gaz, éventuellement par turbine à vapeur ou turbine à gaz pour les plus grandes installations q Production combinée de chaleur et d ‘électricité ( cogénération) : les moteurs thermiques produisent électricité et chaleur, les excédents sont livrés au réseau électrique et la chaleur alimente les consommateurs proches.
D’autres filières existent également :
q Production de carburant (méthane) pour véhicules q Production de gaz naturel pour injection sur le réseau public de transport ou de distribution q Production de froid, par exemple par machines à absorption à gaz (industries agro-alimentaires... )
Dans tous les cas, il est nécessaire, pour obtenir le meilleur bilan énergétique, de disposer de débouchés à proximité du site de production .
Un ordre d’idée : q une installation de moyenne capacité (20 000 t/an) autoconsomme environ le quart de l’énergie produite : il s’agit principalement de la chaleur nécessaire au réchauffage du digesteur q lorsque le biogaz est transformé en électricité, une telle unité est capable de fournir l’électricité spécifique (éclairage et électroménager) de 6000 personnes
Les sous-produits
q Les refus de tri IL s’agit des matériaux retirés soit avant , soit après la méthanisation, par différents moyens (tri manuel, granulométrie, gravimétrie, magnétique, etc) à traiter par d’autres techniques comme le stockage en centre d’enfouissement. Leur quantité dépend de la qualité du tri en amont( collecte séparative) et du choix des produits admis.
q La fraction liquide excédentaire C’est celle qui n’est pas consommée et recyclée par le process lui-même. Lorsqu’elle ne peut être valorisée telle quelle comme fertilisant liquide, elle est traitée en station d’épuration communale ou sur site.
CHOIX de FILIERES
Compostage ou Méthanisation
Comparée au compostage, la méthanisation se caractérise par :
q Une meilleure maîtrise des conditions d’hygiénisation du substrat :
La température est plus facile à contrôler dans un réacteur anaérobie, fermé, que dans un réacteur aérobie, ouvert La température est plus homogène et le fait de travailler sur un substrat plus liquide permet également de mieux garantir l’homogénéité L’élimination des germes pathogènes en est facilitée. Apport de chaleur nécessaire à la demande et de façon fiable.
q Une absence de rejets de poussières, des rejets très limités d’aérosols et de gaz
La nécessité de travailler en réacteur fermé supprime toute émission de poussières et aérosols dans l’air ambiant au cours de la phase active de fermentation Les composés odorants contenus dans le biogaz sont détruits par la transformation des composés soufrés en SO2 En sortie des digesteurs, l’ammoniac résiduel, qui peut générer des nuisances olfactives, est éliminé si nécessaire (traitement de l’air vicié)
q Une meilleure dégradation des composés organiques volatils ( COV)
La digestion anaérobie permet d’éliminer de nombreux COV. Comme l’essentiel du procédé se déroule en réacteur fermé, seule la phase finale de post-fermentation est susceptible de libérer des COV dans l’atmosphère, en quantités bien moindre que dans un procédé de compostage
Emission en g/Tde déchets fermentescibles COMPOSTAGE METHANISATION RapportCOMPOSTAGE /METHANISATION ALCOOLS 284 0.03 9466 fois moins CETONES 150 0.47 319 TERPENES 82 2.2 37 ESTERS 53 0.003 17666 MERCAPTANS 9.3 0.2 46.5 ALDEHYDES 7.5 0.09 83 ETHERS 2.6 0.03 86 TOTAL COV 588 3 196 AMMONIAC 159 97.6 1.6 TOTAL COV &AMMONIAC 747 101 7.7
Source : De Baere, 2nd International Symposium of anaérobic digestion of solide waste, Barcelona 1999
A savoir :
La décomposition des déchets organiques génère d’autres gaz que le gaz carbonique, le méthane et la vapeur d’eau : ce sont les composés organiques volatils. Certains présentent de fortes odeurs (esters, éthers...), parfois nauséabondes (mercaptans, cétones...), voire un caractère nocif (terpènes...) Avec la Méthanisation les émissions de COV sont près de 200 fois moindres. Même pour l’ammoniac, réputé poser problème en cas de digestion anaérobie, les émissions sont inférieures de 40%
q Un outil de lutte contre l’effet de serre
Au lieu de convertir le carbone en gaz carbonique uniquement, la méthanisation converti le carbone en méthane. Ce biogaz se substitue à une énergie fossile, et évite le déstockage de carbone fossile, donc l’augmentation de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère
Incinération ou Méthanisation
Comparée à l’Incinération, la Méthanisation se traduit par :
q Une absence de dégagement de fumées toxiques
Il n’y a pas de transformation thermo-chimique des produits, notamment des plastiques de synthèse, qui sont à l’origine des problèmes de nuisances et d’acceptation par les populations
q Un outil de lutte contre l’effet de serre
Comme les autres énergies issues de la biomasse renouvelable, le biogaz ne génère pas d’augmentation de gaz à effet de serre, contrairement à l’Incinération. Mieux : la Méthanisation assure la fonction de « puits de carbone » par le stockage de carbone dans les sols sous forme d’amendement organique ou en centre de stockage lorsque le digestat est destiné à l’enfouissement. En effet le carbone stocké n’est pas immédiatement transformé en CO2, ce qui diffère les émissions de gaz à effet de serre dans le temps
q La production d’énergie renouvelable propre
Un m3 de biogaz a une énergie potentiel de 600kw/h
Exemple de Varennes Jarcy : 100 000t/an d’OM méthanisés produisent 14 000 mégawatts/h sans pollution
q Un coût nettement inférieur
Les coûts de l’investissement, de l’exploitation et du traitement sont nettement inférieurs à ceux de l’incinération :
Exemple de Varennes Jarcy : Coût de l’usine de méthanisation : 140 millions de francs Coût d’un incinérateur d’égal capacité : 400 à 500 millions de francs ( à ajouter les frais de mise aux normes dans 4 à 5 ans)
q Une souplesse d’exploitation
Seuil de rentabilité d’un incinérateur : 70 000 tonnes/an avec obligation de fonctionner à 100% de sa capacité nominale (problème des périodes touristiques)
Seuil de rentabilité pour la méthanisation : 20 000 tonnes/an et adaptabilité à la demande.