C1-« La méthanisation...est un complément à l’incinération ou au stockage. »
Posée ainsi l’équation est : Méthanisation + incinération ou Méthanisation + stockage Comme si l’incinération n’avait pas besoin de stockage ! En fait l’équation est : Méthanisation + incinération + stockage ou Tri mécano-biologique + méthanisation + stockage ou Incinération + stockage ou Stockage La méthanisation n’est pas un complément à l’incinération mais une alternative à celle-ci concernant la fraction fermentescible soit au moins 50 % des déchets ménagers. Si on traite la FFOM où se retrouve l’humidité, le reste est sec et ressort des filières de tri.
C2- « La méthanisation prend plus de place que l’incinération »
En ce qui concerne les installations comparons des sites comparables par exemple le SIDEFAGE (5,5 ha) et le projet d’ORGANOM (4,8 ha). Reste la question du stockage des produits qui sortent de l’installation en CSDU de classe II : à AMIENS ( méthanisation ), il y a 30% de déchets ultimes à enfouir ce qui est à peu près ce que font les incinérateurs ( 27% pour celui de RILLEUX). A une différence près : ce qui sort d’un méthaniseur ce sont des inertes et du compost et ce qui sort d’un incinérateur ce sont 3 à 5 % de REFIOM à mettre en CSDU de classe I à 500 euros la tonne, 23 à 27 % de mâchefers toxiques. Quant aux fumées...elles ne font pas partie de la discussion. Ceci dit la méthanisation évacue en CSDU des déchets qui n’ont pas de filière alors que l’incinérateur les rend invisibles sous forme de fumées. Il est donc vrai que la méthanisation a besoin de plus de place. Dans les installations les moins performantes cela peut aller jusqu’à 20 % en plus.
C3- « Le compost parfois de mauvaise qualité ne trouve pas preneur »
La qualité du compost dépend de la qualité de la collecte. Le compost n’est pas de bonne qualité quand il est issu de la collecte en vrac. A VARENNES-JARCY il y a trois digesteurs verticaux : deux pour les déchets résiduels et un pour la collecte sélective des bio-déchets. Donc il y a deux qualités de compost. A AMIENS la modernisation de l’usine, qui accuse 20 ans d’âge, doit aligner le compost sur la norme NFU 44 051. Le compost sera alors vendu ( il est pour l’instant donné). A LORIENT ( LAUNAY-LANTIC ) le process mécano-biologique ( sans méthaniseur) suffit à obtenir un compost de qualité (chiffres ci-dessous )
Conclusion : quand la méthanisation fonctionne avec du fermentescible bien trié le compost est excellent. Ceci dit que le compost ne trouve pas toujours preneur est une donnée...qui se retrouve de façon bien plus prégnante quand il s’agit de mâchefers à qui il faut trouver « preneur ».
C4-« La méthanisation reste une solution pour de faibles tonnages »
ORGANOM doit traiter 80 000 t d’OMR et 10 000 t de déchets verts. Il faut donc en gros un méthaniseur de 60 000 t. AMIENS fait 85 000 t, VARENNES-JARCY : 100 000 t, CADIX (Esp.) : 110 000 t, La COROGNE ( Esp ) : 182 000 t. Par contre il existe aussi de petits méthaniseurs : 10 000 t à GENEVE ( à côté d’un incinérateur de 450 000 t ce qui prouve bien que l’on ne développe que l’un ou l’autre ).
C5-« Ce sont les mêmes multinationales qui font l’incinération ou la méthanisation »
Cela est vrai pour la plus connue d’entre elles VALORGA intégrée aujourd’hui au groupe URBASER. Après avoir fait exclusivement de l’incinération, les grands groupes se sont diversifiés dans une stratégie « multi-filière », la méthanisation servant à camoufler les grosses unités d’incinération. Il en est de même pour le compostage souvent présent sur les sites d’incinération et que l’on fait volontiers visiter, comme au SIDEFAGE.
C6- « La méthanisation manque de recul industriel.
Les déboires de l’installation d’AMIENS sont légendaires » Il y aujourd’hui en EUROPE 70 usines. La capacité de traitement augmente de 40%/an. C’est dire que le procédé en est au stade industriel. Quant à l’usine d’AMIENS construite en 1988, première usine au monde pendant dix ans, fonctionnant sur ordures brutes, elle a servi à essuyer les plâtres du process. En 1995 elle a ajouté un quatrième digesteur et est passée à la collecte sélective. L’usine après vingt ans d’âge a aujourd’hui besoin d’une modernisation mais fonctionne parfaitement. En fait la technologie est maîtrisée au stade industriel. Que cet argument soit avancé par les partisans de l’incinération fait penser au proverbe « L’hôpital se moque de la Charité » tant est longue la liste des disfonctionnements des incinérateurs les plus modernes ? A commencer, tout proche de chez nous, par l’explosion d’un four du SIDEFAGE de BELLEGARDE .
C7-« La méthanisation est onéreuse »
Il faut comparer avec l’incinération à tonnage égal. Le méthaniseur de 100 000 t de VARENNES-JARCY vaut 35 Millions d’euros. L’incinérateur de 120 000 t de LUNEL a coûté 65,7 Millions d’euros. A cela il faut ajouter le coût des mises aux normes incessantes : 23 Millions d’euros en 2004 pour l’incinérateur de RILLEUX, 37,3 pour celui de St OUEN, 30 pour celui de BEGLES ( maire Noël MAMERE ), 25 pour celui d ‘ANGERS...Un simple « atténuateur de panache » vaut 2 à 3 Millions d’euros ( cela ne fume plus n’inquiétant plus les riverains). Par comparaison AMIENS-Métropole a prévu d’investir 7,5 Millions d’euros pour remettre son usine à neuf. Reste à évaluer le coût du traitement. A VARENNES-JARCY il est de 58,84 euros / t. A AMIENS il est de 60 euros / t. Il faut compter 100 euros / t pour l’incinération. La conclusion est sans appel : la méthanisation est beaucoup moins onéreuse que l’incinération.