COMMENT REDUIRE LES DECHARGES, SANS RECOURS A L’INCINERATION
Dossier réalisé par Greenpeace Royaume-Uni Octobre 2001
Valorisation énergétique des déchets = gaspillage d’énergie. Les plastiques et les papiers constituent la principale source de pouvoir calorifique dans un incinérateur. Brûler des plastiques, fabriqués à partir de pétrole, revient à brûler des combustibles fossiles - principal facteur de réchauffement climatique. Le papier est produit à partir du bois par des procédés gourmands en énergie. Brûler ces matériaux, c’est gaspiller de l’énergie et des ressources tout en générant des pollutions
Avant-propos
Ce dossier est une traduction du rapport émis par Greenpeace Royaume-Uni en octobre 2001. Il a été suivi d’un important travail d’étude de la faisabilité d’une politique Zéro Déchet au Royaume-Uni rédigé par un expert britannique Robin Murray et publié par Greenpeace sous le titre ZERO WASTE en mars 2002
La situation du Royaume-Uni est très proche de celle de la France. C’est la situation d’un pays empêtré dans la crise des déchets parce qu’incapable de changer d’approche dans la gestion sanitaire, environnementale et sociale des modes et de production et de consommation
Cette incapacité se traduit en France par un taux de croissance annuel de 1.3% des déchets et par la prolifération absurde d’incinérateurs qui appellent cette croissance ; appel d’air automatique car l’incinérateur doit être approvisionné pour être rentable ; appel d’air souvent amplifié par le jeu des lobbys de l’incinération et de l’industrie, trop heureux de n’avoir pas à remettre en cause leurs productions
Cette incapacité se traduit évidemment aussi par sa conséquence logique : l’empoisonnement des populations riveraines d’incinérateurs et l’empoisonnement de l’ensemble de la chaîne alimentaire par des dioxines, des métaux lourds - et quelques 1400 à 2000 molécules non mesurées à la sortie de la cheminée - dont, la fraction piégée par les dispositifs de traitement des fumées subira, en décharge, une libération lente mais inexorable
Cette incapacité est le fruit d’une absence totale de vision à long terme de nos élus et de responsabilisation des producteurs industriels. C’est aussi le fruit d’un travail idéologique distillé par la publicité qui orchestre cette formidable fuite en avant et maintient la société dans une logique de consommation effrénée. C’est, finalement, le fruit du verrouillage de l’imagination et de la créativité des acteurs socio-économiques obnubilés par les ’pansements’ de la technologie quand le bon sens voudrait qu’on attaque le mal à la source : réduire les flux, mieux concevoir pour tout recycler ou composter, séparer les flux pour donner une réponse spécifique à chacun, observer et corriger, responsabiliser et toujours questionner
Les propositions anglaises contenues dans ce rapport ne sont pas des solutions " clé en main ". Dans le contexte culturel anglais, ce sont des schémas de base à partir desquels chaque collectivité peut bâtir ses propres options de gestion des déchets. Si le contexte culturel peut jouer un rôle dans la manière de mettre en oeuvre une politique déchets, les objectifs sont, eux, universels. Il n’y a pas d’excuse latine ou sudiste à l’immobilisme en terme de tri ou de recyclage. Il nous semble que le contexte culturel déterminant est plutôt celui de la participation démocratique. Le civisme ne naît pas spontanément dans les pays où les citoyens sont infantilisés par leurs responsables politiques, où ils sont méprisés par des experts seuls aptes à juger de la nécessité d’implanter un incinérateur ou une centrale nucléaire
A vous, simples citoyens, responsables élus, entrepreneurs et industriels, de juger si, à en croire les chiffres de l’ADEME (1999), vous souhaitez continuer de brûler une poubelle dont seulement 0.5% du contenu est dangereux (déchets spéciaux) et que l’incinérateur transforme en 100% de déchets toxiques (fumées, cendres, mâchefers, eaux de lavage). A vous de juger une action gouvernementale qui estime qu’en 2010, 39% des déchets iront en " valorisation thermique ", 38% en récupération et le reste dans des décharges loin d’avoir disparues (ADEME 19/02/2002) TANDIS QUE Canberra ou Toronto se lancent dans la mise en place de politiques ZERO DECHET avec pour objectif 100% de valorisation matière pour 2010-2015
GREENPEACE France, juin 2002
Résumé
La mise en décharge de déchets municipaux doit décroître pour plusieurs raisons. La pratique courante des décharges municipales de déchets en mélange est impopulaire, extrêmement polluante, et largement insoutenable. La Directive Européenne régissant la mise en décharge, entrée en vigueur le 16 juillet 2000, demande des réductions significatives de la quantité de déchets biodégradables éliminée de cette manière. Afin de mettre en oeuvre la Directives Décharges, le gouvernement a fixé des objectifs de recyclage qui s’imposent aux autorités locales
Certaines collectivités locales mettent en avant que l’incinération serait nécessaire au Royaume-Uni pour atteindre les objectifs fixés par la directive, ou pour gérer les déchets résiduels une fois le niveau maximum de recyclage atteint. Aucun de ces arguments n’est recevable
Si le Royaume-Uni ne fait rien de plus que recycler ou composter 30% de papier journal, carton et déchets organiques, nous aurons atteint l’objectif 2010 de 25 % de réduction des déchets biodégradables allant à la décharge par rapport à 1995. Cet objectif et celui de 2013 de 50% pourraient facilement être dépassés avec l’utilisation d’une technologie actuellement disponible et déjà opérationnelle
L’objectif 2020 de 65 % sera peut-être plus contraignant. Cependant nous pouvons nous enrichir de l’expérience de villes et régions de par le monde qui l’ont déjà dépassé. La Directive offre au Royaume-Uni presque deux décennies pour mettre en place les systèmes nécessaires
Les techniques et la technologie nécessaires pour se conformer à la Directive Décharges pourraient également permettre aux collectivités locales d’atteindre les objectifs obligatoires de recyclage fixés par le gouvernement du Royaume-Uni. Une fois établie, la stratégie décrite ci-dessous assurera la maximalisation du recyclage et fournira les moyens pour aller au delà des limites de recyclage perçues aujourd’hui
Organiser une collecte au porte à porte efficace et un compostage des déchets ménagers et de jardinage constitue l’étape la plus significative que les autorités puissent mettre en place afin d’atteindre les objectifs de recyclage et de la Directive Décharges. La maîtrise correcte de ce flux est le point de départ qui nous conduira de la gestion des déchets à l’utilisation des déchets
L’infrastructure de base pour gérer les flux de déchets domestiques triés à la source peut aussi être utilisée pour les matériaux organiques et recyclables provenant des entreprises et d’autres flux de déchets non ménagers
Déchets résiduels
Quand les types de collecte, compostage et recyclage, décrits ci-dessous, sont mis en place, les déchets résiduels sont réduits à une portion minime du flux de déchets municipaux. Au final, le problème de ces déchets résiduels peut être résolu par une combinaison de mécanismes réglementaires, fiscaux et de règles de consommation tels qu’une loi sur la responsabilité du producteur (cf. la Directive sur les Déchets d’équipements électriques et électroniques), des taxes sur l’élimination des déchets (taxe sur la mise en décharge et taxe sur l’incinération) et le développement de l’écoconception
Pendant ce temps, les matières ne pouvant être réutilisées, recyclées et compostées devraient être nettoyées et stabilisées avant leur mise en décharge
Les systèmes de Traitement Biologique et Mécanique (MBT), qui stabilisent et réduisent le volume de déchets résiduels de manière plus poussée, peuvent être utilisés pour atteindre cette fonction nettoyante et stabilisante en aval du ramassage porte à porte et des schémas de compostage et de recyclage. Ces systèmes pourraient également fournir la sécurité que les gestionnaires de déchets recherchent actuellement - une manière de garantir que les objectifs obligatoires sont atteints
Il existe différentes raisons pour lesquelles utiliser des décharges pour les résidus assainis vaut mieux que construire des incinérateurs
· A la différence de l’incinération, les décharges ne perpétuent pas le besoin de déchets. Les schémas de tri à la source, comme ceux mentionnés ici, permettront que les déchets résiduels issus des OM soient moins toxiques et considérablement réduits en volume en comparaison des niveaux actuels
Continuer d’améliorer le recyclage, les pratiques de production et les habitudes de consommation entraînera une réduction progressive des décharges et, à terme, leur disparition. Les incinérateurs, par contre, doivent fonctionner à plein régime pour assurer un retour sur investissements. Une fois construits, ils constituent une contrainte structurelle à la réduction significative des taux d’élimination des déchets
· Les incinérateurs n’éliminent pas le besoin de décharges. Au contraire, il produisent des cendres contaminées qu’il faut mettre en décharge ainsi que des polluants atmosphériques. Souvent les résidus d’épuration des polluants hautement toxiques doivent être transportés sur plusieurs kilomètres afin d’être enfouis. Les incinérateurs ne résolvent pas le problème des décharges, ils en créent de nouvelles
En considérant les options pour l’élimination des matériaux qui ne peuvent être recyclés, il est important d’avoir conscience que les incinérateurs peuvent atteindre une réduction maximale de 70% de la masse des déchets incinérés (les cendres constituent les 30% restants). La réduction de volume comparée à la mise en décharge, où les déchets sont normalement compactés avant d’être enfouis, est encore moindre - autour de 45 %1. Les réductions réelles en masse des déchets municipaux solides obtenus par incinération tournent autour de 55% car les matériaux non combustibles doivent être triés et extraits des flux avant incinération
Les techniques de pointe actuelles de criblage mécanique et de compostage dépassent les réductions en volume et en masse obtenues par les incinérateurs
Parallèlement, ils éliminent les problèmes de pollution liés aux incinérateurs
Correctement planifiés et mis en service, ces systèmes pourront fournir une matière utile et commercialisable qui pourra être utilisée comme nutriments pour la terre et reconstruire des sols de qualité
Ils nous procureront également une méthode de récupération de ressources de valeur comme l’aluminium
Plusieurs expériences menées de par le monde nous montrent que par l’utilisation de technologies courantes, des gouvernements locaux peuvent atteindre des taux de récupération qui pulvérisent la barrière des 60%. Une hostilité inhibitrice à la nouveauté sévit dans le milieu de la gestion des déchets au Royaume-Uni. Elle doit être remplacée par une culture de créativité face aux problèmes et par une nouvelle approche d’" utilisation des déchets ". La quête de solutions " miracles " confortables pour traiter les déchets municipaux doit faire place à une recherche énergique et volontaire de solutions flexibles si l’on veut sortir du dualisme impopulaire et polluant " brûler ou enterrer "
Comment réduire les décharges sans recours à l’incinération
Déchets municipaux
Trier à la source (foyers et entreprises)
Collecter au porte-à-porte
Réparer, Réutiliser (retour dans le circuit commercial)
Composter Fertilisants, mulch, structurants de sols
Recycler Nouvelles matières premières M.B.T
(Traitement mécanique et biologique) Compost de qualité inférieure
(Talus routiers, couverture de décharges) Matières premières
Décharge Déchets résiduels stabilisés et réduits en masse
Atteindre les objectifs de la Directive Décharges " Il est entièrement possible de se conformer à la Directive Décharges sans utiliser d’incinérateurs
Une utilisation flexible du tri sélectif, du ramassage porte à porte, du recyclage et du criblage mécanique pour gérer les déchets municipaux contribue aux objectifs économiques, sociaux et environnementaux du développement durable. " - Peter Jones, Directeur BIFFA Waste Services
La Directive Européenne de mise en décharge a fixé des objectifs obligatoires pour une réduction en trois temps des déchets biodégradables allant à la décharge. Sur la base des chiffres de 1995, elle requiert une réduction de 25% en 2010, 50% en 2013 et de 65% en 2020
Les objectifs s’appliquent uniquement aux déchets municipaux biodégradables non traités. Ils sont destinés à réduire le rôle des décharges dans la production de méthane, un puissant gaz à effet de serre, ainsi qu’à réduire le volume de déchets enfouis et la quantité et la toxicité des lixiviats (jus de percolation) générés en aval des décharges
Selon les estimations du gouvernement, 60% du flux de déchets municipaux actuel est considéré comme biodégradable2. Le chiffre réel serait bien au dessus
Une manière d’atteindre le premier objectif de réduction de 25% consisterait à recycler ou composter 30% du papier journal, cartons et déchets en putréfaction. Nous avons jusqu’à 2010 pour arriver à ce résultat. Toute autorité locale ne pouvant atteindre cet objectif sans avoir recours à l’incinération doit remettre sérieusement en question sa politique et sa gestion. Dans les faits, des taux de recyclage bien plus important peuvent être atteints
Une fois que l’investissement initial dans des systèmes efficaces est effectué, le coût par tonne pour la gestion des déchets commence à décroître de façon significative.3 Il est nécessaire de réduire la quantité de chaque type de déchets allant à la décharge. Mais il n’est pas souhaitable ou nécessaire de le faire en augmentant la dépendance à l’incinération
L’incinération est extrêmement impopulaire et hautement polluante. Et elle ne résout pas le problème des décharges. 30% de la masse des déchets brûlés demeure sous forme de cendres et 15 % des déchets municipaux échappent aux incinérateurs en tant que matières non combustibles
Des
villes et des régions au Canada, aux Etats- Unis, en
Australie et en Nouvelle Zélande ont atteint des
réductions plus importantes de leur mise en décharge
jusqu’à 70% - sans aucune utilisation d’incinérateurs.
De plus, ils sont parvenus à ce résultat
relativement rapidement, généralement dans une
période de cinq ans ou moins. Dans le Royaume-Uni, il
existe plusieurs exemples de collectivités qui ont
atteint des taux de recyclage supérieurs à 50%
Au Royaume-Uni de nombreux professionnels du déchet constatent qu’une augmentation importante du recyclage et du compostage se heurte à certains facteurs logistiques, culturels, techniques et économiques
Certains limitent à 50% la quantité de déchets qu’ils pensent pouvoir détourner de l’élimination
Toute stratégie doit être mise en forme en respectant l’expérience des professionnels du déchet, mais les expériences de municipalités et de régions à l’étranger fournissent également des perspectives valables. Ailleurs, des responsables de la gestion des déchets sont parvenus à une baisse de 60% et planifient actuellement des stratégies pour atteindre 85%. Edmonton au Canada a déjà réalisé une baisse de 70% des ordures ménagères envoyées en décharge sans aucune incinération. Au Royaume-Uni, l’Essex fut le premier comté qui a adopté un objectif de 60% pour 2007, et son premier dispositif pilote est déjà en train d’approcher cet objectif. Selon Peter Jones de l’entreprise de traitement des déchets BIFFA, " Nombreux sont ceux dans l’industrie qui s’accordent à dire qu’obtenir au moins 60% de réduction de la mise en décharge par le compostage et le recyclage est un objectif réaliste. "4 Il n’y a aucun doute qu’atteindre de forts taux de réduction constitue un défi : mettre en place de nouvelles méthodes de ramassage, assurer la participation de la population, trouver un marché pour les matières collectées. Certains ont relevé les mêmes défis et les ont résolus. Au Royaume-Uni, nous nous situons tout en bas de l’échelle du classement en matière d’" utilisation des déchets "
Mais cela nous donne un avantage. Nous pouvons observer les autres, voir ce qui est possible et obtenir des idées sur la manière d’atteindre ce but
Ce rapport est destiné à établir les caractéristiques générales d’un système de gestion (ou d’utilisation) durable des déchets, en exposant les technologies et les expériences les plus réussies à l’échelle mondiale
Les principes, techniques et technologies soulignés dans ce rapport représentent les meilleurs options environnementales et sont applicables aux métropoles autant qu’aux régions rurales. Les détails et la mise en application nécessitent une réflexion créative de la part des décisionnaires et des professionnels du déchet
La collecte sélective - simple comme bonjour Tel 01233 813298 La collecte sélective - simple comme bonjour
Le premier principe d’un schéma de gestion des déchets qui souhaiterait atteindre un fort taux de récupération ainsi que des matériaux recyclables de bonne qualité est la collecte sélective des déchets
Cela signifie le ramassage au porte à porte de trois type de flux5 : · Les recyclables secs · Les matériaux compostables · Les autres déchets De plus, les matériaux dangereux (peinture, huile, pesticides, tubes fluorescents etc.) devraient être retirés du lot de déchets municipaux, soit par la collecte sélective, soit par l’apport volontaire dans des infrastructures collectives ou soit par une combinaison des deux
FLUX 1 - Les déchets organiques humides
Après la collecte séparative, le compostage est l’étape la plus importante pour une gestion des déchets durable
Le compostage réduit rapidement le volume de déchets mis en décharge. Tous les acteurs du déchet qui atteignent plus de 50% de recyclage ont attaché une attention particulière au ramassage du flux de déchets organiques
Séparer les déchets organiques réduit la toxicité des déchets résiduels car cela supprime la formation d’acides organiques qui dissolvent les métaux lourds lesquels s’infiltrent ensuite dans le sol. En fait, ce sont les matières organiques dans les décharges qui posent les principaux problèmes associés à cette forme de dépôts d’ordures
Au lieu de représenter un problème d’élimination, les déchets organiques ménagers peuvent être utilisés afin de générer des produits finaux indispensables qui possèdent en même temps une valeur marchande et une valeur environnementale
Les déchets organiques représentent la plupart du temps 40% des déchets ménagers.Valoriser l’éventail complet des matières organiques s’associe avec le recyclage des produits secs pour réduire considérablement le volume, le poids et les odeurs provoquées par les déchets résiduels. Les matières organiques et les recyclables secs représentent potentiellement 70 à 80% des déchets ménagers
Valoriser les déchets alimentaires est l’étape qui fait passer le recyclage / compostage du stade de technique complémentaire à un réel système à trois flux. Cela permet aux gouvernements locaux de réduire fortement les décharges et c’est à la fois une excellente source d’azote, lorsque l’objectif est d’obtenir un compost de bonne qualité et de haute valeur économique
Les déchets du jardin (déchets verts) peuvent être rapidement détournés des décharges et à faible coût. Leur détournement permettra aux professionnels du déchet de réaliser des économies substantielles
Il est relativement facile de les gérer par le compostage domestique, ou sur des sites publics à l’aide de bennes roulantes ou de sacs en papier de ramassage porte à porte ou encore sur des sites centralisés de compostage
L’expérience a démontré qu’il est généralement mieux de traiter les déchets du jardin et de la cuisine en tant que deux flux bien distincts. Les déchets alimentaires ont une forte densité et peuvent donc être ramassés dans des petits bacs sans être compactés
Ils nécessiteront un compostage dans des lieux clos et appropriés du fait de la présence de viande et de poisson. Les déchets verts ont une faible densité et doivent être compactés au ramassage
Le tri sélectif permet ensuite le mélange optimal des déchets verts et alimentaires selon le produit final souhaité
Le compostage domestique des déchets verts
Les
composteurs individuels coûtent 10 à 15 à
l’unité, et traitent une moyenne de 120 Kg par ménage
et par an et dans certains cas jusqu’à 250 kg. Sur dix
ans cela signifie que le gouvernement paiera un maximum de 15
/tonne pour détourner ces matières de la décharge
avec une économie sur les coûts d’élimination
(20/35 /tonne), les coûts des refus de tri et les
redevances d’accès aux usines de compostage
Le compostage domestique est la meilleure option pour les déchets verts, mais il sera également nécessaire d’offrir un service de ramassage
Collecte des déchets verts
Afin de minimiser les coûts d’infrastructures liés à l’augmentation des quantités de matières collectées et recyclées , les ressources courantes peuvent être utilisées d’une autre manière
Une possibilité est le ramassage des déchets verts le week-end par les véhicule de collecte des refus de tri (RCV) qui sont souvent inutilisés ces jours-là
Cette manière peu onéreuse pour entamer le travail de recyclage des matières organiques fournit de grosses quantités de déchets végétaux propres pour les sites de compostage. Davantage d’économies sont réalisables en faisant fonctionner le service uniquement pendant les 8 ou 9 mois de production intensive de déchets verts
Le ramassage peut réduire les coûts et générer un revenu par deux méthodes additionnelles : · Les autorités locales ont déjà la possibilité d’exiger que les ménages séparent les déchets végétaux du reste des ordures - et par conséquent de les impliquer plus fortement, · Souvent des ressources sont générées par la fourniture payante des sacs à déchets verts (10p- 1 à l’unité)
Ramassage le week-end + coût des sacs + un site de compostage proche + droits d’entrée de 15- 20/tonne + recettes des décharges (dans certains comtés) = une étape intelligente et rentable pour la séparation du flux de matières organiques
Déchets de cuisine - rassembler tous les organiques
Des programmes à travers la Grande-Bretagne (par ex. Daventry, Rochford, Wye) et ailleurs nous montrent que trier les déchets alimentaires peut réduire le volume de tonnages des déchets résiduels, et permet des ramassages bimensuels plutôt qu’hebdomadaires, avec un gain qui peut aller jusqu’à 100.000 par ramassage d’ordures. Les déchets alimentaires une fois mélangés avec les déchets verts améliorent également la texture, l’humidité et le contenu nutritif du compost
Jusqu’à ce jour on n’a que très peu de données sur les coûts du ramassage au porte à porte des déchets compostables, cependant une moyenne de 10 par ménage et par an a été suggérée.6
La collecte des déchets alimentaires
Il existe deux méthodes principales pour ramasser les déchets alimentaires au porte à porte : · En mélange avec les déchets verts et potentiellement le carton dans des poubelles roulantes (12-18 /unité) ou dans des sacs papier spécifiques (20p), · Séparément dans un petit bac ou autre container à compost (2-8 /unité)
Les deux méthodes principales utilisées pour obtenir une collecte rentable des déchets organiques sont soit d’introduire un ramassage alterné bimensuel des organiques puis des déchets résiduels, soit un ramassage bimensuel de ces derniers doublé d’une collecte hebdomadaire des organiques. La collecte hebdomadaire des déchets alimentaires est préférable quand cela est possible afin de minimiser les nuisances olfactives, ce qui la rend plus facilement acceptable par la population
Richard Boden de WyeCycle délivre le conseil suivant pour atteindre des taux de collecte importants : · Traiter les déchets verts et les déchets alimentaires comme deux flux séparés · Collecter tous les déchets alimentaires · Interdire les déchets verts dans la poubelle des déchets en mélange · Faire une taxe spécifique pour la collecte des déchets verts (afin que les petites propriétés qui produisent peu de ce type de déchets ne subventionnent pas les grandes propriétés qui en produisent énormément) · Ne pas fournir une poubelle roulante pour les déchets verts · Ne pas ramasser les déchets résiduels (en mélange) de façon hebdomadaire · Ramasser les déchets alimentaires de façon hebdomadaire
Le Règlement sur les Sous-Produits Animaux
Les déchets organiques, dont les déchets de cuisine et les déchets de restauration susceptibles de contenir de la viande, seront assujettis à un règlement communautaire devant entrer en vigueur au Printemps 2002. Cette réglementation cherche à contrôler le transport, la manipulation et l’élimination des produits dérivés de l’animal de façon à améliorer la sécurité alimentaire. Elle stipulera que de tels déchets doivent être compostés dans un environnement clos et doivent atteindre une température spécifiée (probablement 70°C pendant 60 minutes). Le règlement européen sur les sous-produits animaux permettra l’utilisation des déchets alimentaires compostés sur tout type de sol à l’exception des pâturages réservés aux ruminants
Cela va se traduire par un énorme marché potentiel pour les déchets domestiques correctement compostés, qu’ils proviennent de la cuisine ou du jardin : usages agricoles et horticoles, cultures sous serre, compost au détail pour le marché domestique, gazons, aménagements paysagers, aménagements routiers, applications de paillis, … Le DEFRA (Département de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires Rurales) voit dans le compostage un élément essentiel pour la gestion des déchets : " Le gouvernement soutient avec force le compostage des déchets ; c’est un élément essentiel pour atteindre les objectifs de la Stratégie Déchets et ceux de la Directive Décharges pour réduire l’enfouissement des déchets municipaux biodégradables… Lorsque les déchets domestiques ou de restauration contiennent de la viande ou d’autres produits d’origine animale, bien qu’ils puissent être compostés, ils ne peuvent pas, en pratique, être épandus sur les sols auxquels les animaux (y compris les oiseaux) sont susceptibles d’avoir accès
Cependant cette position est sur le point de changer
Le projet européen de règlement sur les sousproduits animaux permettra l’usage de déchets correctement compostés sur tous les terrains à l’exception des pâturages. Nous pensons que ce règlement devrait entrer en vigueur au printemps 2002. " DEFRA, Mémo sur le compostage, 21 juin 2001
Il n’y aura aucune restriction sur le compostage ou l’usage des déchets verts (déchets de jardinage)
Choisir une technologie de compostage
Pour choisir le meilleur système de compostage, il est important de considérer les objectifs opératoires : cherche-t-on à gérer le flux de déchets au coût le plus bas possible, ou à réduire le contenu organique du flux de déchets résiduels, ou encore à produire un compost de haute qualité. Donner la préférence à l’une de ces trois options influencera le choix du procédé nécessaire
Procédés en andains
Certaines zones à l’intérieur ou à proximité des fermes, des espaces ruraux ou des décharges ont souvent la possibilité de composter leurs organiques de façon centralisée, dans un site ouvert, à l’aide d’andains
Il s’agit de la méthode traditionnelle de compostage en tas allongés retournés périodiquement
Les conditions climatiques et les propriétés des matières de départ sont les considérations importantes à prendre en compte pour évaluer l’adéquation du compostage en andains. La teneur en oxygène, la température et l’humidité sont les facteurs à surveiller et contrôler. Le coût du compostage en andains tourne normalement autour de 15-20 par tonne de déchet. Avant d’investir dans des systèmes de compostage en andains, les pouvoirs publics locaux devront s’assurer de pouvoir se conformer aux futurs règlements en termes de destruction des pathogènes, de qualité du produit final, de nuisances olfactives et d’émissions de poussières. Dans ce cadre, les procédés en silos présentent de nombreux avantages
Compostage en silos
Les systèmes de compostage en silos permettent un plus grand contrôle du processus et du produit en sortie. Pour les zones urbaines et denses, une série de composteurs en silos clos assure également de l’absence d’odeurs et permet d’économiser sur les coûts de transport et d’occupation du sol. Une température élevée peut être atteinte au coeur de la masse de déchets en compostage, avec pour effet la destruction des organismes pathogènes. Le compostage est également plus rapide dans ces conditions de meilleure régulation. Les coûts opératoires ont tendance à dépasser ceux du compostage en andains, mais en terme de contrôle de qualité, de désinfection des pathogènes, d’occupation du sol et d’acceptabilité par la population, l’investissement supplémentaire est vite récompensé. Des terrains, internes ou externes à la plate-forme, seront aussi nécessaires à prévoir pour la maturation du compost
Les coûts d’investissement vont en général de 3 à 4 millions de livres sterling pour une capacité de 20 000 tonnes
Compostage en unités verticales - sans odeurs, impact faible, coût réduit
En opérant le processus de compostage dans des compartiments verticaux de 6 à 12 mètres de haut, les Unités de Compostage Verticales (UCV) réduisent de façon drastique l’occupation du sol. Une seule UCV peut traiter jusqu’à 1500 tonnes par an, sur une aire de 11m2 - tandis qu’un complexe de 10 unités traitera environ 10 à 15 000 tonnes sur moins de 200m2 de surface bétonnée. L’avantage critique pour les gestionnaires de déchets urbains est que les UCV peuvent être facilement localisés sur les sites d’équipements collectifs, sur les sites de stockage des déchets, à l’intérieur des centres de tri ou directement rattachés aux entreprises ou infrastructures générant des déchets organiques
Une
unité verticale de compostage. Les sites australiens et
néo-zélandais traitent une large gamme de matériaux
déchets verts, déchets alimentaires, papier et
boues de station d’épuration
Le procédé en UCV a été conçu par des microbiologistes pour décomposer et éliminer les odeurs à l’intérieur de la chambre de compostage. Le confinement rend le système étanche aux insectes et aux parasites. La gravité entraîne les matières organiques vers le bas à travers la chambre, réduisant ainsi les exigences de mobilité des appareils et les coûts opératoires. Les températures générées naturellement dépassent 75°C, assurant un produit final pasteurisé et stabilisé en termes d’odeurs. Le procédé ne nécessite que 11 kWh d’énergie pour traiter une tonne de déchets
Les UCV présentent un coût d’investissement d’à peu près 70 000 livres sterling pour une unité. Un centre opérationnel peut faire fonctionner jusqu’à 5 unités. Les sites d’équipements collectifs offrent généralement les plus faibles coûts de compostage pour les UCV. Les coûts d’investissement, d’équipement, de marche et de maintenance sont de l’ordre de 15 à 20 / tonne si tout est à mettre en place (eau, électricité, plate-forme bétonnée, …) - mais sur des infrastructures collectives existantes, ces coûts chutent aux alentours de 10 / tonne.,
FLUX 2 - Les déchets recyclables secs
Construire avec succès un programme simple de recyclage
Le
noyau des recyclables secs constitue 30 à 40% des
déchets ménagers : papier, canettes métalliques,
bouteilles en verre et textiles. Il peut être couramment
ramassé par le biais d’un simple bac et d’un véhicule
équipé d’une benne à vrac. Ces déchets
permettent à eux seuls d’atteindre des taux de recyclage
de 15 à 20%. Il est non seulement vital de maximiser la
performance de ces collectes - et de minimiser les coûts
mais aussi de s’en servir comme une base pertinente sur
laquelle appuyer l’étape suivante de recyclage étendu
à d’autres matériaux. Il est important
d’effectuer une étude comparative des méthodes
alternatives de collecte existantes, incluant les aspects
transport, travail et investissement, en gardant à
l’esprit la spécificité de chaque situation.
Toutefois, l’expérience récente du Royaume-Uni a
permis d’identifier trois facteurs clés qui peuvent
assurer l’optimisation de la performance
A
L’éducation, facteur primordial du recyclage réussi
Le coût financier de l’investissement éducatif est facile à calculer. Si un programme de recyclage présente un taux de participation de 40%, et si ces participants trient 40% des recyclables - alors 16% seulement des recyclables auront fait l’objet d’une collecte séparative. Cela demande une campagne d’éducation volontariste pour augmenter ces taux
Si les taux de participation et de tri sont augmentés respectivement à 60 et 60%, la collecte touchera 36% des recyclables soit plus du double du taux de la première hypothèse. Une performance de 80% x 80% (= 64%) quadruplera le tonnage de matériaux récupérés. C’est un meilleure choix financier de dépenser 50 pence ou 1 livre par foyer, pour obtenir un plus fort tonnage de matériaux en amont, que de complexifier le tri en aval
Les programmes de recyclage réussis fournissent quelques idées clés sur la façon de créer une éducation du recyclage
· La simplicité · L’utilisation de graphiques (images, schémas) · La dimension humaine · L’analyse des réactions · La répétition On peut comparer les matériaux au rebut à des " mines urbaines " aux ressources non exploitées
Envoyer quelqu’un sonner à la porte pour livrer la nouvelle poubelle et répondre aux questions est bien plus efficace que de simplement laisser la poubelle avec une brochure dessus à l’entrée du foyer
Les programmes réussis ont utilisés les résidents locaux ou le nouveau personnel de collecte pour rendre la livraison plus personnalisée, répondre aux questions des résidents et encourager la participation
Des questionnaires de retour sont également utiles. Les études de composition de déchets révèleront de quels matériaux les foyers ignorent la recyclabilité et permettront aux gestionnaires de cibler ces matériaux manquants pour les promouvoir par la suite
Après (mais pas à la place de) la phase d’éducation, aucun doute qu’un peu de douce coercition peut augmenter les quantités collectées de façon importante et rapide. Certaines villes européennes laissent les poubelles sans les vider, avec un autocollant d’explication, si les déchets organiques n’ont pas été triés. D’autres délivrent une amende pour défaut de tri. D’autres encore taxent la collecte des déchets au poids ou au volume. Des remises ou des primes pour les foyers modèles peuvent aussi améliorer la participation
B
Nouvelles technologies de collecte
Le succès des schémas en porte-à-porte dépend énormément des méthodes de collecte employées
Cela détermine les taux de participation et les niveaux de contamination des matériaux collectés
Les taux de participation sont étroitement liés à la commodité des systèmes de ramassage. Par ailleurs, la collecte doit également être compatible avec la technologie de traitement. C’est pourquoi les responsables de la collecte et ceux du traitement doivent travailler ensemble
Des véhicules pour recyclables à haute productivité et à faible coût
La plupart des véhicules à recyclage développés dans les années 80 ont des compartiments fixes multiples, souvent équipés d’un hayon hydraulique, coûtent 70 à 120 000 &nbs